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Suisse

Les douleurs des personnes âgées entre stoïcisme et communication

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L'étude remet en question les idéologies tendant à banaliser les douleurs chroniques chez les personnes âgées (archives). (© KEYSTONE/DPA dpa-Zentralbild/Z5466/_BRITTA PEDERSEN)

Pour une personne âgée, parler de ses douleurs chroniques peut avoir de lourdes conséquences en termes d'indépendance, de qualité de vie, voire de discrimination ou d'exclusion. Les taire est tout autant à double tranchant, selon une étude lausannoise.

L'équipe de Pascal Singy, au Service de psychiatrie de liaison du CHUV de Lausanne, a tenté d'y voir plus clair dans cette problématique complexe. Les chercheurs ont réalisé 49 entretiens avec des personnes âgées de plus de 75 ans et souffrant de douleurs chroniques.

Les participants ont été interrogés deux fois à dix jours d’intervalle - pour éviter le risque de fatigue - au travers d’un protocole de type récit de vie, a indiqué le Pr Singy à Keystone-ATS.

Ensuite, différents acteurs-clés du domaine ont été sondés au travers de groupes-cibles homogènes: médecins somaticiens, personnel paramédical, proches aidants, psychothérapeutes, ainsi que des responsables institutionnels ou d’associations.

Il en ressort que c’est dans le cercle familial que les douleurs chroniques sont le plus souvent abordées, particulièrement avec les parents directs: le ou la partenaire et les enfants, plus spécialement les filles. Cette préférence est tempérée par des enjeux d'autonomie, par exemple lorsque les aînés craignent de perdre leur pouvoir de décision dans la vie quotidienne.

Facteurs limitatifs avec les soignants

L’entourage amical joue également un rôle. Les aînés y voient un contexte particulièrement favorable, ayant le sentiment d’être écoutés et reconnus. Les amis intimes ne sont toutefois pas légions et leur nombre va décroissant l’âge avançant.

Les corps médical et paramédical constituent en toute logique des interlocuteurs de première importance. Mais avec trois grands facteurs limitatifs, par exemple le recours répété à des échelles d’évaluation de la douleur, qui peuvent être une source d'incompréhension et de frustration.

La deuxième limitation est une forme de banalisation ressentie par certains des répondants dans les propos de leurs cliniciens, qui considèrent les douleurs comme "naturelles" à un âge avancé. A partir de 75 ans, jusqu'à quatre personnes sur cinq souffrent de douleurs chroniques, selon diverses études.

S'y ajoute parfois le recours à "des formules désespérantes", stigmatisantes et infantilisantes, relève Pascal Singy. Comme par exemple: "Comment vont ces bobos aujourd'hui?" ou "A votre âge, il ne faut pas rêver". Un troisième frein est naturellement la peur d’être hospitalisés ou placés en institution.

Autoprotection et stoïcisme

L'analyse menée avec les acteurs-clés a permis de mettre en évidence plusieurs axes de réflexion, précise Pascal Singy. Le premier questionne la thématisation des douleurs. Ainsi, parler de ses douleurs chroniques ne paraît pas toujours souhaitable.

Les taire est parfois signe d’une sensibilité relationnelle salutaire (éviter d’impacter ses relations sociales), d’un mécanisme d’autoprotection (moins on en parle, moins on y pense), voire d'un tout aussi salutaire stoïcisme (souffrir en silence), soulignent les chercheurs.

Néanmoins, dans certaines situations, cliniques en particulier, pouvoir décrire ses douleurs est fondamental. Les acteurs-clés se rejoignent pour souligner l’importance de développer chez les professionnels de la santé des stratégies pour la pratique, notamment un vocabulaire partagé de la douleur.

Sentiments d'impuissance

L'étude souligne les sentiments d’impuissance de tous les acteurs impliqués en raison de "l'incapacité à fournir des solutions thérapeutiques efficaces", note le Pr Singy.

Concrètement, les auteurs suggèrent des approches partenariales et un décloisonnement permettant l’intervention de ressources cliniques alternatives, comme l'hypnose, la câlinothérapie ou l'ostéopathie. Il s'agit aussi de permettre au patient de reprendre du pouvoir en s’impliquant dans les choix thérapeutiques.

Par ailleurs, la place des proches aidants dans les dispositifs de prise en charge est jugée encore insuffisante, en termes de reconnaissance statutaire (badges, formation à des gestes techniques) et financière.

Au final, les acteurs-clés se retrouvent pour souligner que la qualité de vie des aînés souffrant de douleurs chroniques dépend en dernière analyse de pouvoir jouir des petits plaisirs du quotidien et de leur maintien dans le tissu social.

Ne pas banaliser

Conclusions: pour les auteurs, il y a lieu de mettre en lumière comme problématiques les idéologies qui banalisent les douleurs chez la personne âgée. Il s'agit également de questionner ou de valoriser - selon qu'il est contraint ou choisi - une certaine forme de stoïcisme en tant que ressource permettant de mieux vivre avec ses douleurs.

Les cliniciens quant à eux sont invités à éviter certains réflexes âgistes, notamment le "papy talk" ou langage infantilisant sur le modèle du "baby talk". De manière plus générale, le débat sur l'âgisme - la stigmatisation de la vieillesse - devrait être renforcé dans la société civile "de manière décidée".

Enfin, il importe que la gérontologie soit revalorisée au sein des filières médicale et infirmière en tant que domaine d’avenir, conclut Pascal Singy. Ces travaux, soutenus par le Fonds national suisse (FNS), ont fait l'objet de publications dans différentes revues scientifiques, BMC Geriatrics et Frontiers in Public Health notamment.

Cet article a été publié automatiquement. Source : ats

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Vaud

La Ferme Pidoux, berceau des sapins de Noël

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La sapinière de la Ferme Pidoux s'étend sur plus de 30'000 mètres carrés © Valentin Pidoux

Dans le canton de Vaud, à Thierrens, la Ferme Pidoux cultive de futurs arbres de Noël. LFM s'est rendue dans cette immense sapinière.

Vous êtes certainement nombreux à vous procurer un sapin de Noël en cette période de fêtes de fin d’année. Mais avant de finir décorés de la tête au pied au milieu d’un salon, ces beaux arbres sont cultivés pendant de longues années.

Située à Thierrens, la Ferme Pidoux produit des sapins sur une surface de plus de trois hectares. Elle en compte aujourd'hui plus de 20'000. Pour atteindre une taille suffisamment grande et partir à la vente, ils doivent tous passer par plusieurs étapes.

Agriculteur et producteur de sapins de Noël, Valentin Pidoux nous a dévoilé sa sapinière. Reportage au sein d'une forêt de conifères.

Reportage

Depuis cette année, la Ferme Pidoux propose également son propre marché de Noël, exposant une dizaine d'artisans locaux.

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Suisse

Alpiq et Vialis s'allient pour un projet dans les Vosges

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L'énergéticien lausannois est présent en France depuis une vingtaine d'années. (archive) (© KEYSTONE/OLIVIER MAIRE)

L'énergéticien Alpiq s'est allié à son homologue français Vialis pour développer un projet hydroélectrique dans les Vosges, qui sera mis au concours par les autorités publiques hexagonales en 2026.

Le projet prévoit la rénovation d'une station existante, mise à l'arrêt en 2012.

La concession Lac Blanc/ Lac Noir à Orbey en Alsace prévoit une rénovation de la centrale existante, afin de générer une capacité de 50 à 70 mégawatts. Le site doit être entièrement rénové, a précisé Alpiq lundi dans un communiqué. Les montants devant être investis dans ce projet n'ont pas été détaillés.

Alpiq, présent en France depuis 2002, gère dans l'Hexagone un parc disposant d'une capacité totale de 25 térawattheure.

Cet article a été publié automatiquement. Sources : ats / awp

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Suisse

L'initiative sur la redevance "fragiliserait la Suisse" (opposants)

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La radio-télévision publique est garante d'une couverture large et équilibrée de l'actualité, estiment les opposants à l'initiative pour la réduction de la redevance SSR à 200 francs. (© KEYSTONE/JEAN-CHRISTOPHE BOTT)

Un oui à l'initiative SSR "200 francs, ça suffit" nuirait aux régions périphériques du pays et à la qualité de l'information, estime le comité d'opposition interpartis. Il ne s'agit pas d'une mesure d'économies anodine, a-t-il fait valoir.

Présentant ses arguments devant les médias lundi à Berne, le comité a mis en garde face au danger que représenterait pour la Suisse une acceptation d'un texte qui "menace le coeur même du service public", selon eux.

En ces temps incertains, il est important d'avoir un accès large et fiable aux informations dans toutes les régions, avec des comptes-rendus fouillés, ce qu'apportent la SRF, la RTS, la RSI, RTR et Swissinfo", ont indiqué les opposants.

Ils ont rappelé que la SSR avait entamé une transformation radicale, qui débouchera sur 270 millions de francs d'économies d'ici 2029. L'objectif de l'initiative est de faire passer la redevance de 335 à 200 francs par an. Le contre-projet du Conseil fédéral prévoit une réduction progressive à 300 francs d'ici 2029.

Cet article a été publié automatiquement. Source : ats

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Lausanne

Avec le nouvel horaire, Renens sera reliée directement à Epalinges

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Avec le changement d'horaire du 14 décembre, la fréquence de fin de journée de la ligne 1 des tl sera notamment augmentée (image prétexte). (© KEYSTONE/LAURENT GILLIERON)

Avec le changement d'horaire du 14 décembre prochain, Epalinges disposera d'une liaison directe avec Renens. La ligne régionale 54 sera en effet prolongée depuis le Mont-sur-Lausanne vers le terminus du m2 à Epalinges à travers les Bois du Jorat.

"Ce nouveau parcours offre une liaison inédite entre l'ouest et le nord de l'agglomération sans passer par le centre-ville", ont indiqué les transports publics de la région lausannoise (tl) lundi dans un communiqué. La fréquence sur le tronçon historique de cette ligne, entre Renens et Cheseaux-sur-Lausanne, passera en outre à 15 minutes en semaine aux heures de pointe du matin et du soir.

Par ailleurs, la fréquence des lignes principales du réseau, à savoir les bus 1, 2, 3, 4, 6, 7, 8, 9, 18, 21 et 25, seront augmentées en fin de journée. La fréquence d'heure de pointe du soir sera prolongée d'une demi-heure, jusqu'à 19h00, tandis que la fréquence de soirée à 15 minutes démarrera une demi-heure plus tard, soit à 21h00, précisent les tl.

Les tl annoncent également qu'ils procéderont à des améliorations supplémentaires de l'offre en mai, ainsi qu'à la rentrée d'août 2026. La ligne 9, reliant actuellement Lutry, Corniche à Prilly, Eglise sera ainsi prolongée jusqu'à Crissier.

Cet article a été publié automatiquement. Source : ats

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