Vevey ne veut pas que le secteur de la gare soit surveillé par des caméras. La population a refusé dimanche en votation le projet qui visait à installer 44 caméras dans ce quartier afin de lutter contre le deal de rue.
A l'issue d'une campagne houleuse, marquée notamment par la rupture de collégialité du syndic Yvan Luccarini, la population a refusé à 60,6% la pose de ces caméras (3008 voix contre, 1888 pour). Le taux de participation a atteint 36,4%.
Le projet avait été initié en janvier par la Municipalité de Vevey, l'une des villes vaudoises les plus touchées par le deal avec Yverdon et Lausanne. Outre la vidéosurveillance, le "paquet" imaginé par l'exécutif prévoyait l'engagement de travailleurs sociaux, la création d'un observatoire social et l'amélioration de l'éclairage public.
Le Conseil communal avait donné son feu vert en mars, et décidé dans la foulée de soumettre le projet au peuple via un référendum spontané. Pour financer son projet, la Municipalité avait prévu un crédit de près de 800'000 francs, dont 220'000 francs pour renforcer l'éclairage public.
"Somptuaire et inutile"
Le camp du "non" s'est réjoui dimanche du refus d'une "dépense somptuaire et inutile". Il estimait en effet que les caméras n'auraient pas réglé le problème, créant tout au plus un déplacement des dealers et une "dispersion imprévisible" du problème.
Le corps électoral s'est aussi "méfié d'une potentielle dérive vers une société de surveillance", comme l'explique Elliott Messeiller, conseiller communal Décroissance alternatives et membre du comité du "non".
Citant le faible taux de participation, ils en déduisent que "le ressenti de la population est loin du tableau horrifique d'une ville livrée au deal et aux agressions brossé par les partisans de la vidéosurveillance."
Les opposants rappellent finalement qu'ils demeurent favorables au reste du "paquet" imaginé par la Municipalité pour limiter l'impact du trafic de drogue. "Le travail social de proximité doit notamment être réactivé d'urgence", affirment-ils.
"Aucune alternative"
De son côté, la Municipalité relève que ce refus "ne résout pas" la problématique du deal et que, "dans l'immédiat", les préoccupations des personnes impactées vont "perdurer".
L'exécutif, qui misait sur l'aspect "dissuasif" des caméras, dit aussi regretter "qu'aucune alternative concrète n'ait été proposée sur le volet sécuritaire" durant la campagne. Et d'ajouter que le résultat de dimanche "ne constitue pas un signal de fermeté pour dissuader le deal de rue et la commission d'autres infractions, comme l'explique Anna Iamartino, membre du PLR Vevey et du comité du "oui".
" La Municipalité dit néanmoins rester "déterminée à agir" pour améliorer la situation.Une Municipalité qui, pour mémoire, ne s'exprimait pas au nom de son syndic durant cette campagne. Yvan Luccarini avait rompu la collégialité fin avril pour s'opposer au projet concocté avec ses collègues. L'élu de Décroissance alternatives estimait notamment que l'efficacité des caméras de surveillance n'était pas démontrée.
Keystone ATS avec Sophie Vassutine