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Macron "reconnaît" les responsabilités dans le génocide du Rwanda

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Emmanuel Macron en visite officielle au Rwanda pour reconnaître les responsabilités de la France dans le génocide de 1994 (Archives © KEYSTONE/EPA/IAN LANGSDON)

"En me tenant, avec humilité et respect, à vos côtés, je viens reconnaître nos responsabilités", a déclaré jeudi le président français Emmanuel Macron à Kigali, tout en affirmant que la France n'avait "pas été complice" du génocide en 1994 au Rwanda.

Emmanuel Macron n'a pas présenté d'"excuses", comme le réclamaient certains responsables rwandais et français, mais il a déclaré espérer que ceux qui "ont traversé la nuit" du génocide des Tutsi puissent "nous faire le don de nous pardonner".

Le président a prononcé cette allocution solennelle très attendue au début de sa première visite au Rwanda, après avoir visité le mémorial où reposent les restes de plus de 250'000 victimes du génocide, sur une colline de Kigali.

Il était ensuite attendu par son homologue Paul Kagame pour un entretien et une conférence de presse commune, au cours de laquelle le président rwandais devrait réagir au discours.

Réaction des rescapés

Egide Nkuranga, le président de la principale organisation de rescapés Ibuka, a regretté que le président français n'ait "pas présenté clairement des excuses au nom de l'Etat français" ni "même demandé pardon". Mais "il a vraiment essayé d'expliquer le génocide et la responsabilité de la France. C'est très important, ça montre qu'il nous comprend", a-t-il ajouté.

L'objectif affiché d'Emmanuel Macron est de "finaliser" la normalisation des relations avec le Rwanda après "27 années de distance amère (...) d'incompréhension, de tentatives de rapprochement sincères mais inabouties".

Le silence

La France a fait "trop longtemps prévaloir le silence sur l'examen de la vérité", a-t-il regretté en s'adressant à une centaine de personnes.

En 2010, Nicolas Sarkozy, le seul président à s'être rendu à Kigali depuis le génocide, avait déjà reconnu de "graves erreurs" et "une forme d'aveuglement" des autorités françaises ayant eu des conséquences "absolument dramatiques".

Pour Emmanuel Macron, la France n'a cependant "pas été complice" des génocidaires, ce qu'avait également conclu le rapport d'historiens dirigé par Vincent Duclert remis en mars.

"Les tueurs qui hantaient les marais, les collines, les églises n'avaient pas le visage de la France", a-t-il déclaré. "Le sang qui a coulé n'a pas déshonoré ses armes, ni les mains de ses soldats qui ont eux aussi vu de leurs yeux l'innommable, pansé des blessures, et étouffé leurs larmes".

Mais "au lendemain, alors que des responsables français avaient eu la lucidité et le courage de le qualifier de génocide, la France n'a pas su en tirer les conséquences appropriées", a-t-il poursuivi dans son discours.

"En voulant faire obstacle à un conflit régional ou une guerre civile, elle restait de fait aux côtés d'un régime génocidaire. En ignorant les alertes des plus lucides observateurs, la France endossait une responsabilité accablante dans un engrenage qui a abouti au pire, alors même qu'elle cherchait précisément à l'éviter", selon lui.

Poursuites judiciaires

La question du rôle de la France avant, pendant et après le génocide des Tutsi du Rwanda, qui a fait plus de 800'000 morts entre avril et juillet 1994 selon l'ONU, a été un sujet brûlant pendant des années, conduisant même à une rupture des relations diplomatiques entre Paris et Kigali entre 2006 et 2009.

Le fossé s'est cependant comblé depuis le début du quinquennat avec une série d'initiatives françaises pour sortir de l'impasse. Dont le rapport Duclert, qui a conclu aux "responsabilités lourdes et accablantes" de la France et à l'"aveuglement" du président socialiste de l'époque François Mitterrand et de son entourage face à la dérive raciste et génocidaire du gouvernement hutu que soutenait alors Paris.

Le président rwandais Paul Kagame a déclaré pouvoir "s'accommoder" de ces conclusions, confirmées ensuite par le rapport d'un cabinet d'avocats demandé par Kigali.

Pour concrétiser cette normalisation, MM. Macron et Kagame pourraient annoncer le retour d'un ambassadeur français à Kigali, où le poste est vacant depuis 2015.

Le président français s'est engagé "à ce qu'aucune personne soupçonnée de crimes de génocide ne puisse échapper à la justice", alors que plusieurs d'entre elles résident en France.

Opposition mécontente

Au Rwanda, l'opposition a déploré avant la visite qu'Emmanuel Macron demeurait "silencieux devant le règne autoritaire et les violations des droits humains" sous Paul Kagame, président du pays depuis 2000. Une réforme de la Constitution de 2015 permet à ce dernier de potentiellement rester au pouvoir jusqu'en 2034.

Pour tenter de redonner de la vigueur au français, désormais moins enseigné que l'anglais au Rwanda, Emmanuel Macron devait inaugurer en fin de journée le "centre culturel francophone" de Kigali.

Le président devait ensuite se rendre vendredi en Afrique du Sud pour une visite consacrée à la pandémie de Covid-19 et notamment à la production de vaccins sur le continent africain.

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International

Publication d'emails attribués à Epstein où il que Trump "savait"

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Cette installation artistique montre Donald Trump et Jeffrey Epstein main dans la main (archives). (© KEYSTONE/FR159526 AP/JOSE LUIS MAGANA)

Le délinquant sexuel américain Jeffrey Epstein a affirmé que Donald Trump "savait à propos des filles" dans un email de 2019 attribué au financier new-yorkais mort en prison la même année, et rendu public mercredi par des parlementaires démocrates.

"Trump a dit qu'il voulait que je renonce" à la carte de membre de Mar-a-Lago, la résidence de Floride du président américain, affirme Jeffrey Epstein, qui précise n'en avoir jamais été membre. Il ajoute: "bien sûr, il savait à propos des filles, comme il a demandé à Ghislaine d'arrêter".

Ghislaine Maxwell, complice et ancienne compagne de Jeffrey Epstein, purge actuellement une peine de 20 ans de prison pour exploitation sexuelle.

Cet article a été publié automatiquement. Sources : ats / afp

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Culture

L'Algérie accepte de gracier l'écrivain Boualem Sansal

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Boualem Sansal avait été condamné à cinq ans de prison pour "atteinte à l'unité nationale" après avoir déclaré que l'Algérie avait hérité sous la colonisation française de régions de l'ouest algérien comme Oran et Mascara, appartenant précédemment, selon lui, au Maroc (archives). (© KEYSTONE/EPA/ARNE DEDERT)

L'Algérie a accepté une demande de l'Allemagne de gracier et transférer l'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, emprisonné depuis un an, dans ce pays pour qu'il puisse y être soigné, a indiqué un communiqué de la présidence algérienne mercredi.

Le président algérien Abdelmadjid Tebboune "a répondu favorablement" à une demande de son homologue Frank-Walter Steinmeier, "concernant l'octroi d'une grâce en faveur de Boualem Sansal", selon le communiqué officiel. "Le président a réagi à cette demande, qui a retenu son attention en raison de sa nature et de ses motifs humanitaires", selon le communiqué.

M. Steinmeier avait demandé que Boualem Sansal, condamné en appel en juillet à cinq ans de réclusion, soit gracié et bénéficie de soins médicaux en Allemagne "compte tenu de son âge avancé (...) et de son état de santé fragile".

Le premier ministre français Sébastien Lecornu a exprimé son "soulagement". Il a souhaité que l'écrivain "puisse rejoindre ses proches au plus vite" et "être soigné".

Cet article a été publié automatiquement. Sources : ats / afp

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Culture

Le pape Léon XIV révèle ses quatre films préférés

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Avec "La vie est belle", Roberto Benigni a réalisé un des films favoris de Léon XIV (archives). (© Keystone/AP/MIRAMAX/SERGIO STRIZZI)

"La vie est belle" ou encore "La mélodie du bonheur": le pape Léon XIV a révélé ses quatre films préférés avant une audience samedi au Vatican avec des célébrités d'Hollywood et des réalisateurs oscarisés.

Dans une vidéo publiée par le Vatican, le premier pape américain cite le classique de Frank Capra "It's a Wonderful Life" (1946), avec James Stewart, où un ange est envoyé du ciel pour aider un père de famille désespéré.

Le souverain pontife, né à Chicago, évoque aussi la comédie musicale "La Mélodie du bonheur" (1965) de Robert Wise avec Julie Andrews, le drame familial "Des gens comme les autres" (1980) de Robert Redford et "La vie est belle" (1997) de Roberto Benigni, comédie dramatique se déroulant en Italie pendant la Deuxième Guerre mondiale.

Le Vatican a précisé que Léon XIV avait choisi "les films qui lui tiennent le plus à coeur".

Dans le cadre de l'Année sainte de l'Eglise catholique, le pape recevra samedi au palais apostolique du Vatican des stars du monde du cinéma dont Monica Bellucci, Cate Blanchett, Chris Pine et Viggo Mortensen. Des réalisateurs tels que Spike Lee, Gus Van Sant, Judd Apatow, George Miller et Stéphane Brizé sont également attendus.

Robert Francis Prevost, 70 ans, souhaite "approfondir le dialogue avec le monde du cinéma (...) en explorant les possibilités que la créativité artistique offre à la mission de l'Eglise et à la promotion des valeurs humaines", a expliqué le Vatican.

Cet article a été publié automatiquement. Sources : ats / afp

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Football

Luis Rubiales crie au complot de "l'extrême gauche"

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Luis Rubiales crie au complot de l'extrême gauche (© KEYSTONE/AP POOL EFE/CHEMA MOYA)

L'ex-président de la Fédération espagnole Luis Rubiales, condamné pour agression sexuelle pour un baiser imposé à la joueuse Jenni Hermoso, a de nouveau minimisé les faits dans un entretien télévisé.

Rubiales estime avoir été victime d'un complot "de l'extrême gauche".

Condamné en première instance puis en appel à une amende de 10'800 euros pour avoir embrassé de force la joueuse après la finale du Mondial féminin à Sydney le 20 août 2023, Rubiales a de nouveau martelé jeudi soir sur le plateau de l'émission El Chiringuito que ce baiser était "consenti". Ce qu'avait démenti Jenni Hermoso, suivie en cela par la justice espagnole.

"Comme président, j'aurais dû me comporter plus froidement, de manière plus institutionnelle. Mais non, je ne demande pas pardon à Jenni Hermoso, parce que je lui ai demandé si je pouvais l'embrasser et elle m'a dit +d'accord+", a répété l'ex-homme fort du football espagnol, qui a écrit un livre pour dénoncer l'"assassinat public" dont il aurait été victime.

"Quand il y a un jugement, nous avons tous l'obligation de le respecter, mais l'Etat de droit nous permet de le contester si nous ne sommes pas d'accord et pensons effectivement que ce n'est pas une agression sexuelle", a poursuivi Rubiales, dont l'avocate avait affirmé à l'AFP qu'elle allait se pourvoir en cassation.

"Ecran de fumée"

Interrogé sur le propos de son livre, intitulé "Tuer Rubiales", l'ancien dirigeant de la RFEF a assuré, sans preuve, qu'il avait été victime d'un "mouvement soudain de l'extrême gauche" ayant créé une "réalité parallèle" pour s'emparer de cette affaire, dénonçant un "écran de fumée" supposément créé pour protéger le Premier ministre socialiste Pedro Sanchez.

Depuis une réforme du Code pénal espagnol, un baiser non consenti peut être considéré comme une agression sexuelle, catégorie pénale regroupant tous les types de violence sexuelle.

Luis Rubiales est par ailleurs poursuivi dans une autre affaire, de corruption cette fois-ci, autour du contrat de délocalisation de la Supercoupe d'Espagne en Arabie saoudite. L'enquête porte sur une série de contrats irréguliers conclus par la Fédération espagnole (RFEF) pendant son mandat de président, entre 2018 et 2023.

Cet article a été publié automatiquement. Sources : ats / afp

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