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L'histoire du Lausanne Sport par Marcel Parietti

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Marcel Parietti, capitaine du LS en cette saison 1980-1981 couronnée d'une 7e coupe suisse contre le FC Zurich au Wankdorf à Berne (photo Gazette de Lausanne).

Le LS a quitté la Pontaise. L'occasion de retracer une histoire de 124 ans. Marcel Parietti est un illustre nom du foot lausannois et suisse des années 70/80. L'homme, actif au sein des instances du foot vaudois, à la Maison du sport cantonale de Leysin, nous raconte son Lausanne-Sport, vainqueur de la Coupe du Suisse (une des neuf Coupes gagnées) contre le FC Zurich en 1981 avec Gabet Chapuisat, Stéphane Crescenzi ou Robert Koc. Première partie d'une interview à lire en intégralité sur notreHistoire.ch.

notreHistoire.ch : Le Lausanne Sport ressemblait à quoi structurellement quand ils vous ont recruté en 1972 ?

Marcel Parietti : Il y avait déjà une très bonne organisation dans ce club, vraiment digne de la première division. Un club qui avait une direction. Le président était un entrepreneur. Ces dirigeants de clubs à l'époque venaient souvent du monde de l’immobilier. Les présidents s’appelaient Amstutz, Souris ou encore Truan, des personnes issues du milieu économique local. Pour le Servette FC à Genève, c’était la même chose. Si on prenait tous les grands clubs, c’était l’immobilier qui était le premier secteur concerné par l'investissement dans le domaine du football. A GC (ndlr: Zurich Grasshoppers), ils avaient leur « Club du jeudi », des entrepreneurs de toutes branches et le spectre était plus large. Au niveau administratif, il y avait un secrétariat général et à côté de ça une structure médicale assez simple. Ce n’était pas des physiothérapeutes, ni des médecins. On avait des masseurs. Ils étaient comme nous, ils travaillaient à côté. On avait donc une bonne structure administrative et financière pour les contrats. Ce n’était pas des budgets exorbitants, un peu de sponsoring, les ventes de billets et des soutiens de ces personnalités qui prenaient la présidence, c'est tout.

Parietti façon Panini

Marcel Parietti, le numéro 6 lausannois, devant les gradins de la Pontaise (DR)

Vous avez connu Kiki Prior, dont on m'a beaucoup parlé, le masseur historique du Lausanne Sport alors ?

Oui, Kiki (ndlr: dont le fils Nicolas travaillait à la Pontaise il y a encore quelques semaines) était représentant dans une entreprise de chocolat. Il y avait trois-quatre masseurs qui savaient ce qu’était le mercurochrome, le dolpyc, le fortalis et c’est tout. Ils nous massaient les lendemains de matchs. Si on risquait le claquage, on savait qu’il fallait mettre de la glace, ça se passait comme ça. Il y avait quand même un médecin du club. On allait dans son cabinet si vraiment on avait quelque chose de sérieux. La structure médicale s'arrêtait là. On avait surtout un entraîneur professionnel de haut niveau mais ils n’étaient pas reconnus à l'époque. Personne du grand public ne connaissait leurs noms contrairement aux joueurs.

Qui étaient vos entraîneurs ?

Louis Maurer qui avait entraîné l’équipe suisse et l’Olympique de Marseille mais aussi d'autres grands entraîneurs comme Paul Garbani, Miroslav Blažević, Charly Hertig, Péter Pázmándy, Radu Nunweiller...

Comment vous prenez votre place au LS ?

En 1972, pour Lausanne, j’étais un peu trop polyvalent. Alors Louis Maurer m’a mis sur le côté droit, j’étais plus un joueur défensif qu’offensif. Donc, j’ai joué libéro, stoppeur, arrière-gauche. Je me suis raté avec l’équipe nationale car on m’a fait jouer arrière-droit. Après deux minutes on perdait 2 à 0 contre l'Allemagne de l'Ouest. J’ai aussi joué milieu de terrain, mon poste de prédilection. J’y étais souvent. A ce poste, vous vous appliquez autant dans le comportement défensif que dans le comportement offensif.

Quel genre de relations vous aviez avec les entraîneurs du LS en général, et avec votre entraîneur Blažević en particulier?

J’ai commencé capitaine au temps d’Hertig. On discutait entre nous, pas que de nous mais de l’équipe, à un moment donné on parlait bien sûr du style de jeu, du comportement offensif et défensif. Il faut reconnaître le qualités de Blažević en ce qui concerne l’entraînement en semaine. Mais dans le coaching des matchs, il y avait des choses invraisemblables qu'il mettait en place. Il avait mis le gardien de l’équipe nationale Eric Burgener en centre avant avec le LS pour un match. D’accord, il a marqué en première mi-temps, mais après on a perdu 7-3. Il y eu quelques difficultés ensuite avec Blažević. On a joué une fois contre Chênois, en ligue A à ce moment-là, et on lui a dit “Attention, devant ils ont deux joueurs, Manai et Duvillard, qui courent le cent mètres en huit secondes.” Et Blažević nous fait une tactique en jouant à trois derrière. Après 15 minutes, il y avait 2-0 pour Chênois. Donc, de nouveau, on s'est réorganisé parce qu'il a eu beau crier, tout à coup, on a décidé de jouer à quatre derrière. Lui, il ne changeait pas d'avis! Et des fois entre nous dans l’équipe on se disait “Écoute, Joseph tu restes maintenant et on joue à quatre, et on s’organise entre nous.” On est quand même revenu assez vite à 2-2, et on est resté bloqué sur ce score. On se dit qu’un entraîneur sent qui lui obéit ou pas. Il y a cette relation. Je me rappelle avoir eu une discussion encore avec Blažević, lui demandant ce qu’on devait faire dans le système défensif. S'il devait passer un message à l'équipe ensuite, je préférais que ce soit un de mes messages.

Et pour votre relation aux joueurs du LS en tant que capitaine?

Capitaine, c’est une affinité avec l’entraîneur, mais aussi cela vient avec l'ancienneté. Vous n’êtes pas capitaine six mois après votre arrivée au club en général. On voit qu'une équipe qui va mal, c'est quand vous avez en l’espace de trois à quatre mois cinq capitaines successifs, c’est mauvais signe. Et c’est arrivé au Lausanne dernièrement. Il y a pu y avoir des relations avec les joueurs assez étonnantes en tant que capitaine, des moments cocasses. J’ai été expulsé une fois dans ma vie avec le LS. Et c’était un peu par la faute de mes coéquipiers. On jouait un match amical aux Seychelles, on était au camp d’entraînement contre l’équipe nationale. Et c’était invivable à cause de l’arbitrage, l'ambiance... C’était un match amical, mais pour eux, il y avait toute l’île qui était autour du terrain à les soutenir. A un moment donné, l’arbitrage ne signalait plus les « hors-jeu ». Il y a eu des échauffourées entre les joueurs adverses et Gabet Chapuisat. Il s’était pris un coup au nez. Il y a donc eu des mots, du genre "espèce de connard ", il y a eu des insultes plus graves comme "retourne dans ton arbre". L’arbitre me dit de dire aux joueurs qu'ils ne doivent pas traiter les joueurs adverses de "canards". Alors qu’on ne disait pas canards mais bien "connards". Alors bon, moi je regroupe les joueurs et je leur dis d’arrêter de traiter les joueurs adverses de "canards". Bien sûr, il y en avait qui rigolaient, ce que l’arbitre n’a pas trop aimé. Et ça a continué. La deuxième fois, l’arbitre me redit que je devais repasser le message. Ce que j’ai fait, et ils ont de nouveau rigolé. Je fus expulsé.

Le portrait de Parietti en vignette adhésive

Marcel Parietti pour les besoins des collectionneurs des vignettes Panini.

Un match inoubliable ?

Oui, dans le match, il y a eu quelques autres soucis, par exemple Eric Burgener est sorti parce qu'il y avait une balle qui traînait. Un enfant a shooté dans la balle avant qu’Eric puisse la prendre. Les cinq mille spectateurs ont rigolé pendant vingt minutes. Et dix minutes après, le gamin est revenu et Eric qui est un solide gaillard a dit “Attends mon petit...”, et à ce moment-là il a couru et l'a bousculé. Le gamin est tombé... Et là, il y a eu un silence ! On s’est dit “on est morts.” Le match amical fini, on a mangé avec l’équipe adverse. On a reçu d’ailleurs quelque chose de particulier. Si vous allez aux Seychelles, c'est un fruit qui s’appelle Coco-Fesse. Vous ne pouvez pas l'exporter. Ou alors vous devez payer 2 à 300 dollars.

Fritz Künzli et Eric Burgener dans le vestiaire enfumé

Dans le vestiaire enfumé du LS avec Fritz Künzli décédé en 2019 et le gardien Eric Burgener (document L'Illustré)

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Une famille victime d'une énorme injustice à Saint-Sulpice

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Du début au milieu des années 60, l'Américain-Hollandais Henri-Louis Fentener résidant à Saint-Sulpice, a été la victime d'une injustice. On l'a expulsé, entre autres, pour avoir négligé une réglementation suisse sur le bâtiment.

Quel fut le tort de Henri-Louis Fentener van Vlissingen? Avoir fait connaître publiquement son désaccord avec une loi qu'il ne pouvait connaître, car édictée après les premiers travaux de sa villa. Un énorme scandale dont plusieurs acteurs ont une responsabilité importante.

Dans une Suisse "propre en ordre" au cœur des années 60, alors que l'on déteste les gens qui font des histoires, Henri-Louis Fentener van Vlissingen, son épouse et ses quatre enfants ont pourtant reçu le soutien de nombreux de leurs voisins de Saint-Sulpice. Il y a eu aussi une remarquable campagne de presse favorable à cette famille installée dans la commune depuis plusieurs années. Une famille étrangère et intégrée,  bien sous tous égards, comme en atteste cet article du Nouvelliste du Rhône du 9 avril 1966.

L'affaire est une accumulation de faits s'étendant de 1960 à 1966. D'abord, l'héritier d'une famille Fentener van Vlissingen très puissante au Pays-Bas (la société de trading SHV, les entrepôts Makro, présence dans l'industrie du voyage) vit en Suisse et bénéficie d'une fortune personnelle conséquent. Il décide de construire sa villa à St-Sulpice.

Cependant, pour des raisons de dépassement de quelques centimètres du toit de cette villa, un ordre d'expulsion de la commune de Saint-Sulpice a été émis. Le Nouvelliste du Rhône écrit que la famille Fentener est "victime d'une bien vilaine machination due à quelques « politicards », machination qui a abouti à une énorme injustice" : l'interdiction de séjour pour le chef de famille Henri-Louis Fentener.

122 personnes signent la pétition

Une pétition paraphée de 122 signatures a été signée le 6 avril 1964 adressée au Grand Conseil du canton de Vaud pour laisser Fentener et sa famille finir leurs travaux. En effet, les travaux de la villa ont été arrêtés illégalement par l'autorité communale en date du 1er avril 1961 sur la base d'un nouveau règlement approuvé le 11 avril 1961 par le Conseil d'Etat (rétro-activité juridique inadmissible en l'espèce).

Pour le journal valaisan, il ne fait aucun doute qu'il y a eu abus d'autorité qui a entraîné une série de démarches administratives et judiciaires indignes selon le journal. L'ancien géomètre morgien Jean-Frédéric Mayor a été le témoin direct de ce scandale. Il raconte au micro de notreHistoire ce qui a déclenché cette affaire particulièrement cruelle pour toute la famille Fentener. Le jeune géomètre explique qu'il est en partie à l'origine de cette histoire.

L'affaire FentenerDocument NotreHistoire.ch

Les citoyens de Saint-Sulpice sont venus amicalement et bénévolement aider la famille Fentener à finir les travaux sur le toit malgré l'interdiction du chantier (photo Le Nouvelliste du Rhône/docrero.ch) Cliquez sur le lien pour lire l'article du Nouvelliste du Rhône du 9 avril 1966.

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C'est par là

Lausanne-Gare, temple de l'innovation

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(©KEYSTONE/VALENTIN FLAURAUD)

La Gare de Lausanne a plus de cent ans. En 2030, les travaux d'ampleur débutés cette année seront terminés. La gare a souvent été à la pointe de l'innovation, preuve avec cette sélection de quatre documents de notreHistoire.ch.  

A la Page:Histoire 15.10.21

Avec le projet pharaonique des CFF, du triptyque ville-canton-Confédération, Lausanne sera dotée d'une vraie gare du 21ème siècle qui pourra accueillir 200'000 voyageurs et voyageuses par jour en 2030. Le chantier 1,3 milliard de francs. Voici quelques documents résumant très rapidement l'évolution de la gare et de ses services.

Photo publiée sur notreHistoire.ch par Yannik Plomb (©J.Julien Genève)

Avec cette photo ci-dessus, nous sommes en 1899 sur le parvis de la Gare de Lausanne. La gare de Lausanne n’a été érigée qu’en mai 1856 à Mornex, donc en dehors du centre-ville pour relier la ville à Yverdon-les-Bains. Une année auparavant, le premier tronçon de ligne de chemin de ferre a relié Yverdon-les-Bains à Bussigny.

En 1861, la Compagnie de l’Ouest-Suisse qui commercialise la ligne entre le Nord vaudois et Lausanne, inaugure la liaison Lausanne-Saint-Maurice. Une ligne qui dessert Villeneuve. En 1863, la liaison Lausanne-Fribourg entraîne un agrandissement de cette gare. Un concours lancé en mai 1906 permet à la compagnie ferroviaire de plancher sur une nouvelle gare. Avec l’aide des architectes Monod et Laverrière, Taillens et Dubois, la nouvelle gare aura une « apparence fonctionnelle, une façade digne mais sans luxe, l’emploi de matériaux reconnus sains et inaltérables, et si possible, faits de pierre du pays (source Wikipedia). »

Inauguration de la traction électrique du Lausanne Saint-Maurice, photo de 1924 publiée sur notreHistoire par Yannik Plomb

Le 14 mai 1924 en gare de Lausanne, prêtes au départ les 2 Ae 3/5 sont parquées en gare sur voie 5. Le membre de notreHistoire Yannick Plomb a publié cette photographie Kodak ltd et écrit :

«Le véhicule à traction électrique, sans doute le plus harmonieux et le plus bel assemblage de composants électromécaniques, ne cesse de poser au génie humain de nouveaux et passionnants défis de conception», selon Karl Sachs.

La dangerosité que présentait le maintien de la vapeur dans le tunnel du Simplon dicta l'audacieuse décision de le convertir dès le début sur la technologie naissante du courant alternatif triphasé. En 1906, la Brown, Boveri & Cie, connue aujourd'hui sous le nom d'ABB, installa le système dans le tunnel du Simplon sur 20 km de long.

Plusieurs tronçons ont été inaugurés : Brigue - Iselle en 1906, Brigue - Sion en 1919, Sion - Saint-Maurice en 1923 et Saint-Maurice - Lausanne en 1924. En effet, si le tronçon Lausanne - Saint-Maurice, électrifié au courant alternatif monophasé de 15 kV 16 2/3 Hz le 14 mai 1924, était le dernier encore exploité à la vapeur, les locomotives électriques de l'époque, telles les Ae 3/5, ne pouvaient aller que jusqu'à Sion, où elles devaient céder leur place aux locomotives triphasées du Simplon.

«Le véhicule à traction électrique... ne cesse de poser au génie humain de nouveaux et passionnants défis de conception», Karl Sachs.

Cette situation se prolongera jusqu'à ce que le courant alternatif des CFF atteigne Brig en 1927. La suite de cette présentation sur ce lien.

Un TGV en gare de Lausanne, photo de Claude-André Fradel, datant de juin 1985

Fin des années 70, la gare lausannoise est desservie par un train rapide effectuant la liaison Paris-Genève-Lausanne (le train est baptisé Jean-Jacques Rousseau) avant l’arrivée du TGV orange le 22 janvier 1984. Ce dernier permet une liaison entre Paris-Gare de Lyon et Lausanne en passant par Vallorbe : durée du voyage 3 heures et 40 minutes. Le TGV orange sera remplacé par un train bleu (référence au célèbre restaurant de la Gare de Lyon ?) dès 1997. Pour retrouver cette photo de TGV ainsi que quelques autres clichés de la "Souris grise" (le Trans Europe Express, remplacé par le TGV), allez sur ce lien.

Lausanne gare on patiente sur le quai, photo publiée sur notreHistoire.ch par Jean-Luc Bonnet, elle date de 1938.

Derrière cette photo de famille attendant patiemment en gare de Lausanne un train qui les mènera peut-être vers un lieu de repos, il y a cette idée du rafraîchissement estival à l'attention des clients avec ces glaces « Pôle Nord » servies à même le quai. Un membre de notreHistoire.ch a trouvé cette photo en chinant sur les sites de vente de photos anciennes. Il l'a ensuite publié sur notreHistoire.ch. Que dit cette photo? Qu'en 1938, on se souciait du bien-être gustatif des usagers du train et que les familles voyageaient dans une tenue plus qu'élégante. Près de 82 ans plus tard, on est aussi dans cette thématique du commerce au service des pendulaires et des autres voyageurs avec le projet Léman 2030.

Retrouvez tous les autres articles sur ce dossier de lfm.ch.

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Infusion d'italianité à Lausanne

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L’exposition "Losanna, Svizzera, 150 ans d’immigration italienne" est visible au Musée d’Histoire de Lausanne jusqu’au 9 janvier 2022. Cette infusion culturelle de l'italianité a eu un impact positif sur toute la Romandie.

Le scooter Vespa de la marque Piaggio installée dans la région de Pise en Toscane, à Pontedera. Un symbole de la "dolce vita" et donc de l'italianité (photo DG).

A mi-chemin de cette exposition très intéressante, les objets historiques représentant la culture italienne, du chapeau de Fellini à l’affiche du dessin animé "La Linea", du maillot des Azzuri vainqueurs du mondial 82 à la Vespa de la marque Piaggio, interpellent le visiteur. Et tout à coup, au-dessus de votre tête retentissent les premières notes de « Ma Quale Idea », un tube d’italo-disco tout droit sorti d’un haut-parleur qui ressemble à une douche.

A La Page Histoire01.10.21

Après le détour footballistico-musical obligatoire, la déambulation permet de se replonger dans une réalité économique suisse de la fin du XIXe. Le manque de main d'oeuvre qualifiée pousse les huiles lausannoises à regarder de l'autre côté du Grand Saint-Bernard pour recruter. Cette immigration économique choisie qui débute dès les années 1870 va être affectée aux chantiers des grands ponts, viaducs et autres tunnels à Lausanne et ailleurs dans la région. En Suisse, à cette époque, le travail des Italiens est possible grâce à un traité signé entre les deux pays. Les habitants de la Botte peuvent aussi venir s’établir ici, et ce n’est pas limité à une saison. Il faut croire qu’un certain Benito Mussolini en a profité. Car en 1902, il débarque légalement à Lausanne pour chercher du travail.

Photo de Benito Mussolini prise par les forces de l'ordre bernoises en 1903. A l'époque le jeune maçon et syndicaliste avait pris l'habitude de se faire arrêter pour incitation à la grève (photo DR)

Dans une vitrine du musée, un document de l’Université de Lausanne frappe. Il s'agit de la copie du diplôme décerné à ce-même Benito Mussolini en 1937. Un doctorat honoris causa. L'équipe dirigeante de l’Université lausannoise n’avait pas formalisé ce projet en 1936 mais c’est un des responsables de la section sciences politiques et sociales, un sympathisant fasciste nommé Pasquale Boninsegni, qui aurait dit au Duce : « vous aurez ce doctorat ». Dans le contexte diplomatique de l'époque, ces paroles rapportées au Duce ont eu pour effet de valider cette distinction, il fut alors très difficile pour l'Université de Lausanne de faire machine arrière.

Le diplôme non-signé rendant hommage à l'ancien étudiant de l'Université de Lausanne que fut Mussolini (Musée Historique de la Ville de Lausanne)

Benito Mussolini, devenu le Duce dans les années 30, s’était formé à la politique dans le canton de Vaud. Il a créé des connexions puis a contribué à bien traiter les italiens émigrés à Lausanne ensuite, en attribuant, par exemple, des subsides à l’asilo-orfanotrofio, un établissement lausannois pour orphelins. Dans les années 30, il peut enfin s’appuyer sur ses mêmes connexions helvétiques afin de relayer ses idées fascistes hors des frontières italiennes.

Benito Mussolini, à l'Hôtel Beau-Rivage de Lausanne, lors d'une conférence diplomatique sur l'Orient en 1922 (DR)

Au delà des considérations politico-syndicales de Benito Mussolini, il faut bien noter que la présence d'une population italienne dans notre région était justifiée par le besoin grandissant d'une main d'oeuvre expérimentée et nombreuse. Autre temps fort de l'exposition, c'est ce chapitre consacré à Tripoli ou le "village des cantines" comme on le surnommait à Vallorbe. Entre 1910 et 1915, ces ouvriers logés à Tripoli ont construit une nouvelle gare internationale à Vallorbe.

Ils étaient plus d'un millier (essentiellement italiens) pour percer le tunnel du Mont d'Or reliant la Suisse à la France sur la ligne Vallorbe-Dijon. C'était un petit village fait de baraquements avec tellement de débits de boisson que l'on imaginait bien qu'il s'y tramait une activité extraordinaire de jour comme de nuit. Un village mal perçu par les autochtones, selon Sylvie Costa Paillet, la co-commissaire de l'exposition "Losanna, Svizzera, 150 ans d'immigration italienne à Lausanne" au Musée d'histoire de Lausanne. La conservatrice explique que cette nouvelle localité avait aussi été baptisée "le village nègre".

Au début des années 1910, à quelques pas de Vallorbe, des ouvriers italiens ont travaillé sur le percement du tunnel du Mont d'Or, peuplant un village de plus de 1000 habitants nommé Tripoli (Musée Historique de la Ville de Lausanne)

Après-guerre, Lausanne n'est pas la seule ville romande à accueillir en masse les ouvriers italiens. Genève compte aussi un contingent d'Italiens venus travailler en tant que saisonniers. Dans les années 1960, les ouvriers italiens remplacent progressivement les ouvriers valaisans aux fours d'électrolyse de l'Usine de Chippis, là où les conditions de travail étaient extrêmement rudes.

Photo des ouvriers italiens de l'Usine d'alluminium de Chippis (Grégoire Favre/Usine de Chippis VS/notreHistoire.ch)

Pour tous renseignements sur cette exposition, veuillez cliquer sur ce lien.

 

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Cent ans de hauteur en Romandie

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Dans les années 20, c'est à Lausanne que naît le premier gratte-ciel suisse avec la Tour Bel-Air. Depuis, Bâle et Zurich se livrent un combat à distance dans leurs paysages respectifs.

La Tour Lamunière, aussi appelée Tour Edipresse en 1980 (Claude André Fradel)

En s'appuyant sur des exemples de "gratte-ciel" romands, nous tentons d'expliquer les intentions philosophiques et esthétiques des architectes de l'époque, grâce à un entretien fleuve avec deux associés du bureau d'architecture PONT12 à Chavannes-près-Renens, concepteurs au début des années 2010 du projet de la Tour Taoua à Beaulieu, un projet rejeté par le peuple.

Les gabarits de la Tour Taoua en 2014 (Sylvie Bazzanella)

Les deux associés du bureau d'architecture PONT12 Guy Nicollier et François Jolliet (leur bureau est installé à Chavannes-près-Renens) s'entretiennent avec notreHistoire.ch pour explorer l'histoire des "gratte-ciel" lausannois et romands. Ce dossier va vous permettre de vous replonger dans le contexte politique de l'époque de la conception et de la construction de ces tours. La « Tour de Bel-Air » est la première grande tour à avoir poussé hors du sol en Romandie.

L'histoire est étonnante, en 1931, l’architecte Alphonse Laverrière a imaginé un édifice de quinze étages depuis la place Bel-Air et de dix-neuf depuis la rue de Genève à Lausanne. Cette tour est largement inspirée de l’Empire State Building à New York. Elle ne fera pas l'unanimité dans la presse, dans l'opinion publique et dans la classe politique mais elle a quand même vu le jour en 1931 et a depuis été complètement restaurée. La verticalité est un sujet passionnant pour le profane ainsi que pour les professionnels du secteur. Je ne saurais trop vous recommander de prendre le temps de lire ce dossier et de le partager. Cliquez sur ce lien!

Lors de cet entretien, les architectes lausannois François Jolliet (photo de gauche) et Guy Nicollier (photo de droite) m'ont cité à plusieurs reprises le nom de Jacques Gubler, historien de l'art et grand spécialiste d'architecture en Romandie et dans le reste de la Suisse. C'est justement à Bâle, où le professeur émérite de l'EPFL vit, que sont sans doute les tours les plus étonnantes de Suisse, d'où ma volonté de me balader avec Jacques dans les rues de Bâle pour découvrir ce patrimoine architecturale mondialement connu. L'écouter raconter les dessous de ces rêves de suprématie architecturale des grands groupes industriels locaux fut sans doute un des moments les plus passionnants de cette enquête.

Jacques Gubler devant la Messeturm à Bâle (David Glaser)

Cette série de podcasts vous est proposée gratuitement sur notreHistoire.ch, sept audios et une vidéo dans les rues de Bâle au pied des tours de Roche, de la Claraturm ou de la Messeturm, une balade poétique avec ce passionnant expert qu'est Jacques Gubler. Nous en saurons beaucoup plus sur l'originalité et la folie des grandeurs des architectes les plus connus de Suisse et du monde.

Cliquez sur ce lien pour découvrir cette série audio et vidéo.

 

 

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